Les records que la macronie fait tomber depuis 2023 montrent la profondeur de la crise de régime.
C’est donc le 4e Premier ministre qui chute et, pour la première fois dans l’histoire de la 5e République, sur un vote de confiance. Profondeur de la crise, illégitimité du pouvoir macroniste mais également pourrissement des institutions dans une situation où tout semble fait pour ouvrir les portes du pouvoir à l’extrême droite. La situation est donc pleine de dangers. Et c’est bien par la mobilisation que nous pourrons imposer une solution progressiste, qui réponde aux intérêts de notre camp social : partage des richesses, hausse des salaires, retraite à 60 ans, développement des services publics et extension de la sphère de la gratuité, régularisations, etc.
La journée du 10 lance la contre-offensive
Le 10 a montré les possibilités et les défis que doit relever le « mouvement du 10 septembre ».
Dans un contexte où l’ensemble de la gauche sociale et politique ne s’est pas totalement saisie de cette journée, les rassemblements et manifestations du mercredi ont néanmoins réuni de manière conséquente. Suffisamment pour montrer que la colère est bien là. Après les 200 rassemblements pour le pot de départ de Bayrou lundi, la mobilisation est au rendez-vous et montre que Macron, Bayrou et leurs politiques sont rejetés massivement dans le pays. Ils sont minoritaires politiquement et gouvernent pour une infime partie d’ultra-riches. Après la chute de Bayrou et de son gouvernement, la journée du 10 lance la contre-offensive des classes populaires et de la jeunesse. L’enjeu est maintenant d’inscrire ce mouvement dans la durée. Et qu’il puisse continuer à bousculer les agendas politiques et syndicaux.
Renforcer l’auto-organisation
Enraciner la mobilisation passe par renforcer l’auto-organisation en impulsant des AG là où nous sommes : quartiers, lieux d’études, lieux de travail, etc., et en mettant au service de la mobilisation nos ressources militantes et logistiques. C’est dans ces AG que se décidera la suite de la mobilisation, c’est dans ces AG que se nouent les relations militantes qui permettent l’accumulation d’expériences et la construction du rapport de forces. C’est dans ces AG que peuvent se discuter de la manière la plus démocratique les revendications et les moyens d’action.
Pour de nombreuses personnes, c’est la première mobilisation. Il y a un enjeu à accumuler très vite une expérience de débats et d’actions collectives. La qualité et le nombre des structures d’auto-organisation, notamment dans les entreprises, est la seule manière pour le mouvement de construire sa dynamique propre et de continuer à imposer ses propres rythmes de mobilisation.
Vers la grève du 18
Clairement, la prochaine date à préparer est la grève du 18. Mais les mobilisations du 10 septembre ont aussi leur propre temporalité. Durer implique de se relier aux secteurs en lutte et aux réseaux militants qui se mettront en grève le 18 sans pour autant caler le rythme du mouvement du 10 septembre sur celui des directions syndicales. À terme, nous voulons voir ces deux mouvements converger. Et si le 18 septembre doit être dans la ligne de mire des comités du 10 septembre, ces derniers doivent se doter d’échéances propres avant le 18 et après.
Construire des actions relais
C’est à l’échelle des facs, des quartiers, des entreprises que nous devons contribuer à faire émerger des collectifs qui discutent de la suite. Travailler à proposer des dates et des actions-relais qui permettent d’enraciner le mouvement. Dans certaines villes se discute déjà l’organisation de manifestations pour le samedi 13 septembre. Après le 10, il y a un enjeu important de poursuivre les différentes formes de mobilisations et de faire la jonction avec la journée de grève interprofessionnelle du 18 septembre. Il y a un enjeu à construire une riposte massive contre la répression de ce gouvernement déchu et face à un pouvoir illégitime.
C’est le système qu’il faut changer
Car la chute de Bayrou ne suffit pas. Après Bayrou, c’est à Macron de partir ! Il faut aller chercher Macron et tous les autres, par la rue et par la grève ! Au-delà, c’est le système qu’il faut changer en profondeur : c’est nous qui travaillons, donc c’est nous qui décidons. Seule notre mobilisation permettra de faire reculer le patronat et les gouvernements à son service. Il est temps d’imposer un autre partage des richesses et d’en finir avec les institutions de la 5e République.
William Donaura et Victor Zak